Né dans la paroisse de Clifden dans le Connemara en Irlande, Gearalt Kalbrunner est le second d'une fratrie de cinq enfants. Originaire d'une famille irlandaise bourgeoise, la famille de son père ayant réussi dans le transport maritime et celle de sa mère dans l'industrie textile, il est éduqué à part, à cause de son handicap. Né dépourvu de ses deux jambes (au dessus du genoux), il est très tôt écarté de ses frères et sœurs, qui étaient alors destinés à prendre la tête des entreprises familiales, pour ce qui est de l'aîné, et à venir étoffer la fortune et le prestige de la famille Kalbrunner grâce à des mariages soigneusement préparés pour les enfants restants.
Passant une grande partie de son enfance dans la maison de Clifden, au contraire du reste de sa famille qui ne venait y séjourner que l'été, Gearalt noua une relation fusionnelle avec la plus jeune de ses sœurs, Albhe, toujours pleine d'un enthousiasme débordant. Malgré l'interdiction formelle de sortir hors des limites de la propriété pour Gearalt, Albhe prenait soin d'échaufauder des plans plus recherchés les uns que les autres pour l'emmener en promenade près de la baie. Un jour, prise sur le fait par son père, Albhe reçu une sévère correction et passa dix jours dans le cabinet de pénitence, afin de méditer sur le déshonneur qu'elle venait de faire subir à ses parents. Après cela, Albhe fut envoyée en pension et développa une correspondance épistolaire assidue avec son frère, enrichie au cours des années par des échanges de dessins, photographies ou de divers petits cadeaux.
Encore aujourd'hui, Gearalt donne beaucoup d'importance à ces lettres qu'il attend avec une certaine impatience, bien que la distance et la jungle rendent difficile la transmission du courrier.

A son seizième anniversaire, on l'équipa de prothèses DAK à genoux hydrauliques, et comme tout idée de mariage était écartée de peur qu'il n'effraie son épouse la nuit de noces, Gearalt se destina à une carrière militaire afin d'échapper à la religion. Étudiant à l'Académie royale militaire de Woolwich, jugé difficilement apte au combat rapproché, il en ressort promu Sous-lieutenant du Génie, bien que son souhait aurait été de devenir officier d'artillerie. Envoyé pour la première fois sur le terrain avec le reste de son régiment en Afghanistan, il fut rapatrié en 1879 après avoir été gravement blessé par l'explosion accidentelle d'une charge. "Vous savez que si le Destin n'avait pas oublié de vous mettre des tibias, vous auriez perdu vos jambes aujourd'hui ?" Remarquera sarcastiquement son chirurgien une fois l'opération passée. Alors dépourvu de ses membres artificiels, Gearalt profita de ses longs mois de rémission pour apprendre la théorique du combat rapproché, et s'y exercer une fois équipé de la première vieillerie venue que lui donna gracieusement son paternel afin de lui permettre de marcher à nouveau. C'est alors qu'il fut approché par le directeur de l'Académie de Woolwich, et finalement choisi pour accompagner une mission scientifique aux Indes Orientales Néerlandaises, afin de veiller à la protection d'un petit groupe de naturalistes et autres savants, ainsi qu'à la bonne mise en place d'un camp, capable au besoin de résister à une offensive menée par des "animaux sauvages". Contre compensation, bien évidemment.